côté Pile 

Selon Norbert CHATILLON (psychanalyste), « juger l’autre, c’est porter un jugement sur soi ».

L’origine et les bénéfices du jugement :

D’où provient cette manie que nous avons tous, et à laquelle nous consacrons beaucoup de notre temps et de notre énergie ?

Selon Norbert Chatillon1, cela permettrait de faire une distinction entre qui je suis et qui est l’autre, en quoi je lui ressemble et en quoi nous sommes différents. Il s’agirait en quelque sorte d’un outil d’estimation et de compréhension de soi et des autres. Nos jugements justes sur les autres peuvent aussi leur fournir des indications, des conseils judicieux et, dans certains cas, peuvent nous protéger, nous et notre famille.

Si nous nous arrêtions à ce stade, on pourrait en déduire que le jugement est une chose bien positive et bénéfique qui permet une meilleure connaissance de son propre monde (notre carte du monde) et de celui qui nous entoure, mais les choses ne sont jamais aussi simples. Le jugement peut donc prendre d’autres habits dès lors que quelque chose nous gêne, nous trouble, nous dérange. Nous pouvons dans ce cadre nous mettre en mode défensif . Et la meilleure défense, pour certains, reste l’attaque !

A ce moment-là, tout peut aller très vite, les chevaux s’emballent et les remarques désobligeantes fusent, la perfidie se met à l’œuvre, les comparaisons se font la part du lion et tout cela bien sûr avec la meilleure attention du monde… Nous sommes persuadés bien évidemment du bien-fondé de nos actes et de la justesse de nos propos.

Pourquoi nous sommes persuadés du bien-fondé de notre comportement ?

Tout simplement car inconsciemment nous avons pratiqué le jugement comme système de protection.

Notre jugement peut aussi, être une manière de porter notre regard sur les aspects sombres de l’autre plutôt que d’affronter nos propres ombres. Nous avouer, et reconnaître les penchants et petites habitudes dont on n’est pas nécessairement fière est loin d’être agréable et facile. Il est beaucoup plus simple de voir la paille dans l’œil du voisin que la poutre dans le sien. comme dit Saint Luc Évangile selon saint Luc (chapitre VI, verset 41) . Cette manière de faire nous permet tout simplement d’éviter nos petites remises en question et d‘entretenir une image acceptable de nous-même.

Juger nous permet aussi de développer notre appartenance sociale à un groupe qui partage les mêmes idéologies, pensées, envies (que celles-ci soient positives ou non).

Juger sert aussi de manière beaucoup plus instinctive et essentielle pour nous aider à faire un choix entre plusieurs options et prendre une décision en déterminant ce qui est « bon » pour nous et ce qui ne l’est pas.

L’effet miroir du jugement1 :

Pour revenir sur l’explication de Norbert Chatillon « juger l’autre, c’est porter un jugement sur soi », abordons cette notion de l’effet miroir. Les réactions que nous manifestons à l’égard des autres constituent, en fait, la façon dont nous nous percevons nous-même. Elles sont plus des indicateurs sur nous que sur notre interlocuteur. Lorsque nous aimons ou détestons quelque chose chez l’autre c’est que nous l’aimons ou que nous le détestons chez nous. Le propre de nos jugements s’effectue à travers notre passé, nos sentiments, notre système de croyances. Le pire, c’est que nous sommes absolument persuadés que notre système d’évaluation est objectif. Il n’en est rien. Les autres sont en quelque sorte le reflet de nous-même, un miroir nous offrant l’opportunité de mettre l’index sur ce que nous devons travailler pour passer à un niveau supérieur dans notre vie. Vu sous cet angle, nous pouvons également considérer que les personnes que nous n’apprécions pas sont également des opportunités susceptibles de nous montrer ce que nous devons travailler chez nous. En adoptant ce point de vue, il devient possible de considérer tous ceux qui nous entourent comme des miroirs, aussi bien les gens que nous aimons et admirons que ceux que nous détestons. Nous sommes en mesure de discerner nos propres qualités mais aussi les aspects de nous-même que nous avons à travailler. L’objectif de cette règle est de passer du stade du jugement de l’autre au stade de l’exploration de soi.

Pour conclure cette première partie, un peu d’introspection :

Avec bien évidemment un regard bienveillant et neutre de vos comportements sans tomber pour autant dans la complaisance, je vous propose de répondre à ces trois questions :

  • Que vous apportent vos jugements de plus au quotidien, que si vous n’en faisiez pas?

  • Quels sentiments génèrent-ils en vous ? (agréable, désagréable, de quelle famille) se reporter à l’article

    https://armelle-jaso.com/2022/03/14/petit-exercice-pratique-pour-mieux-comprendre-lorigine-de-nos-emotions/

  • En quoi vos jugements vous servent ?

Belle lecture.

Photo Pickit.com

1 Norbert Chatillon Magazine Psychologie avril 2009

2 David Lefrançois Grand dictionnaire du coaching