Que diriez-vous de garder cette phrase au creux de votre cœur pour l’avoir à offrir à la prochaine personne que vous verrez pleurer et qui vous laissera bien désemparé…car les larmes peuvent nous laisser déconcerté, déstabilisé, voir, nous agacer ou nous heurter mais aussi nous rendre perplexe par leur spontanéité quand au détour d’un rire elles s’invitent dans la conversation. Une chose est sûre, elles nous laissent rarement indifférents.
Le sujet des larmes est un sujet qui ne se tarit pas,
il a traversé les différentes époques en y laissant des impressions et empreintes très hétérogènes. Faisons un rapide retour en arrière :
- Dans l’antiquité, Homère oppose les larmes glorieuses des hommes, aux pleurs de lamentation des femmes…(comme je garde à l’esprit les principes toltèques et précisément celui sur : avoir une parole impeccable, je m’abstiendrai et ne ferai pas de commentaires )
Pour Hippocrate, le cerveau était une sorte d’éponge qui aspirait l’humidité du corps et rejetait le trop-plein d’humidité par les yeux. - Au Moyen-Age, les larmes sont, choses courantes, on larmoie énormément : les larmes sont de contrition, de repentance pour les péchés.
- Durant le 16ème siècle on conseille aux Princes de pleurer pour gagner l’adhésion de la foule, elles peuvent devenir éventuellement une arme politique.
- Le 17ème siècle permet aux hommes de pleurer sans crainte; on considère les larmes comme la preuve de leur humanité.
- Mais à partir du 19ème siècle, un homme qui pleure est suspect, il doit garder l’œil sec, les larmes sont considérées comme le signe le plus manifeste de la fragilité féminine.
Chaque époque a sa traduction et, les expressions qui évoquent les larmes sont très diverses. Nous pouvons aussi bien entendre : verser des larmes de crocodile, pleurer comme une madeleine, fondre en larmes, mais aussi pleurer de rire ou bien pleurer toutes les larmes de son corps… Autant de larmes versées pour des causes bien diverses. Mais alors, à quoi servent les larmes et pourquoi pleurons-nous ?
Sachez tout d’abord que le corps humain est une pure merveille. Il est le centre de nombreuses recherches et l’on continue tous les jours de découvrir son fonctionnement. Si les larmes existent, ce n’est pas simplement pour imiter les crocodiles, elles ont une utilité et je dirais même qu’au-delà de l’utilité, elles sont bienfaisantes.
Alors, laissons pour l’instant de côté, les injonctions sociétales, ceux qui pensent que les larmes sont considérées comme une faiblesse et une vulnérabilité ; ceux qui sont conditionnés par leur éducation (les garçons ne pleurent pas…) et ne s’autorisent pas à pleurer en public ; ceux qui redoutent que leurs larmes ne soient intarissables et qui préfèrent les contenir coûte que coûte , ceux qui les autorisent uniquement lors des enterrements et les rejettent dans le milieu professionnel ; allons plutôt découvrir les atouts de ces gouttes qui perlent trop rarement sur nos visages.
Durant notre vie, on les retrouve globalement dans trois cas distincts :
- Les larmes réflexes, qui sont causées par un corps étranger ou des facteurs irritants (fumée, vent, oignons…). Elles ont dans ce cadre, un rôle de protection.
- Les larmes dites basales qui permettent de garder les yeux lubrifiés et sans poussière.
- Et les larmes émotionnelles ou psychiques, sur lesquelles je vais un peu plus m’étendre car, ce sont celles-ci précisément qui sont trop souvent jugées, discréditées et mal perçues. Les larmes ou le langage muet de la douleur.
Trop souvent, au travail, dans les magasins, les transports… quelle qu’en soit la raison, si jamais on sent les larmes monter, notre première réaction va être de les retenir et si, malgré tout, elles échappent à notre contrôle quelques instants, notre geste sera de les masquer et de les empêcher de s’exprimer.
Atouts des larmes, vous avez dit atouts….
Au début de notre vie, nous ne savons pas encore et ne sommes pas en mesure de parler, les pleurs sont notre principale forme de communication et nous permettent de signaler ce qui ne va pas (faim, douleur, besoin d’affection…)
Puis, petit à petit, nous commençons à pleurer de tristesse et même de joie et les pleurs deviennent les alliés de nos émotions. Les larmes nous permettent d’exprimer nos émotions les plus profondes. Certaines émotions trop fortes ne parviennent pas à s’exprimer par les mots, les pleurs agissent alors comme un acte libérateur, comme un moyen de dire l’indicible. C’est en quelques sortes une réponse naturelle à certaines de nos émotions.
Pleurer est un moyen de communiquer.
C’est une manière silencieuse de demander de l’aide et de recevoir du soutien dans les moments les plus noirs de la vie. Voir une personne en larmes nous rappelle notre propre vulnérabilité, notre propre peur et génère l’empathie. Nous craignons à notre tour de nous mettre à pleurer car les pleurs invitent les pleurs, et au-delà, nous nous mettons à douter en ayant peur de commettre une maladresse. Moins nous sommes en mesure d’accueillir et ressentir nos propres émotions et moins à l’aise nous serons, pour accompagner celles des autres. Pourtant sachez le, l’écoute des larmes est un cadeau…
Les larmes soulage la douleur et adoucisse l’humeur. Le corps en pleurant libère de l’endorphine et de l’ocytocine, ces deux hormones soulagent et ramènent notre corps à un état plus calme et relaxé. Donc si c’est bon pour notre corps, pourquoi s’en priver !
Les pleurs nous permettent de nous détendre,
quand le stress n’a plus lieu d’être parce que le danger est passé, les larmes se déclenchent et contribuent à un retour à la normale en agissant sur le niveau de stress de notre organisme et en le diminuant (étude publiée par le National Institutes of Health).
Pleurer est un acte de courage,
un acte d’affirmation de soi qui permet de poser notre « JE » en indiquant « je suis comme cela et pas autrement ». Les pleurs véhiculent un message, un appel à l’aide en confiance pour nous soulager et nous libérer. Cela nous amène à affronter ce que nous ressentons mais aussi ce que nous craignons. Être sensible ne signifie pas être faible mais tout simplement être humain. Ce temps des larmes permet de faire un point sur ses besoins : besoin de temps, besoin de réconfort, besoin d’écoute, d’empathie, de connaître et respecter ses limites, d’une aide, d’une présence…
Et que faire face à une personne en pleurs ?
Je dirai être là, présent, simplement présent mais vraiment présent. Le temps des mots viendra si besoin après le temps des pleurs. Laissez la personne pleurer tout son saoul en lui permettant de vider le puits de sa peine sans vouloir à tout prix, la consoler pour que les larmes cessent.
Je terminerai en vous déposant ce poème sans auteur et en vous souhaitant du fond du cœur de belles et profondes larmes pour apaiser les inconforts de votre vie.
L’eau de mes yeux, l’eau de mon âme
” Les larmes sont les maux de l’âme
Les larmes sont les mots de l’âme
Les pleurs sont les mots du cœur quand l’émotion nous désarme
Les pleurs sont de l’eau du ciel pour que la peine rende les armes “
Belle lecture à vous et Take care.
Titre : citation de Paul Eluard
Petite histoire des larmes (Europe 1)
https://www.psychologue.net/articles/pleurer-les-6-bienfaits-psychologiques
https://www.doctissimo.fr/psychologie/bien-dans-sa-peau/gestion-des-emotions/tabou-pleurer-en-public
Interviews de Pascal Anger, psychanalyste et de Stéphane Migneault, psychologue.
https://www.poesie-poemes.com/larmes-pleurer/
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